Pendant deux mois le Jardin botanique a vécu une vie de sauvage à l’abri des mains de son principal artisan, l’humain. Pendant deux mois, la petite faune, abeilles charpentières, lézards des murailles, chardonnerets, hérissons et écureuils mais aussi pigeons et chats se sont appropriés tous ces espaces vidés du personnel et des visiteurs.
Quelques chanceux venus pour un entretien minimal ont par exemple pu observer étourneaux, merles et moineaux faire la queue pour se baigner perchés sur les galets du ruisseau.
Les plantes aussi ont pris leurs aises : dans ce jardin libéré et à la faveur d’un printemps chaud, ensoleillé et pluvieux, tiges coureuses et graines ont propagé plantes cultivées et adventices hors de leurs emplacements respectifs, matérialisés soit par la présence d’une etiquette soit par les cheminements piétonniers.
Les plantes sont aussi de grandes voyageuses malgré leur mode de vie fixé. Et sans aucune intervention humaine elles sont parties à la conquête de ces espaces laissés libres. Ainsi sur le ponton du Muséum, magnifique belvédére sur le Jardin botanique, vous verrez émerger entre les planches des jeunes plants de figuier, de mûrier blanc et de micocoulier dont les plants, apportés là par les rongeurs et les oiseaux, étaient coupés systématiquement avant le confinement. Nous avons choisi de les laisser un temps dans la mesure où ils ne gênent pas le cheminement.

Ainsi, plutôt que de tout couper, tondre et tailler nous avons décidé, tant que la végétation présente cette exhubérance, de laisser s’épanouir tiges, feuilles, fleurs et fruits. Les pelouses ne seront pas tondues tout de suite et vous pourrez y admirer plantains, pâquerettes, porcelle, trèfle et autre luzerne lupuline qui prennent le relais des floraisons de plusieurs espèces d’orchidées telle l’orchis bouc ou l’ophrys abeille. La présence et l’épanouissement de cette flore sauvage permet aussi à tout un cortège d’invertébrés de pouvoir être présents : mangeurs de feuilles, suceurs de sève, pollinsateurs et granivores sont donc aussi à observer.

Les espaces cultivés sont ainsi envahis par les plantes sauvages mais aussi par les plantes cultivées qui par leurs tiges souterraines, rampantes ou porteuses de stolons, se sont faufilées entre les grands pavés de granit gris. Entre marguerite, réglisse, fraisier, ail, armoise, menthe … se cachent désormais les cheminements que vous pouvez toujours emprunter pour circuler et observer au plus près toutes ces plantes.
N’hésitez pas à interpeller la médiation et les jardiniers-botanistes qui se feront un plaisir de vous renseigner sur la présence et les propriétés de ces plantes mais aussi sur la gestion du Jardin qui dorénavant tiendra compte du mouvement des plantes…
Article rédigé par Boris Presseq, botaniste au Muséum de Toulouse
Laisser les adventices (“mauvaises herbes”) pousser favorise la biodiversité en permettant :
- des interactions biochimiques entre les plantes
- aux insectes auxiliaires de se nourrir et ainsi de maintenir la chaine alimentaire des animaux qui jouent un rôle dans la régulation des espèces animales et végétales “nuisibles”
- de régénérer le sol naturellement (certaines espèces entrent en jeu dans la décomposition de la matière organique, d’autres jouent un rôle dans la transformation des matières en minéraux etc.)
Quelques images du Jardin botanique en ce moment...
Ne pas confondre le jardin botanique et… les jardins du Muséum à Borderouge !
Le jardin botanique est situé dans l’enceinte du Muséum de Toulouse. Il est géré par l’Université Toulouse III-Paul Sabatier.
Les Jardins du Muséum à Borderouge sont le deuxième site du Muséum de Toulouse. Ils sont situés près du parc de la Maourine, dans le quartier de Borderouge.
Ils proposent chaque mois des visites particulières, notamment celle du sentier oublié dans leur parc naturel de 3 ha.
// En savoir plus sur les Jardins du Muséum à Borderouge