La fracture
La Guyane – « terre d’eaux abondantes » dans la langue amérindienne arawak –, est un territoire français d’Amazonie couvert à plus de 95 % par la forêt tropicale.
Il s’agit de la région la moins densément peuplée de France (3 hab/km2). Ses quelques 260 000 habitants – contre à peine 115 000 en 1990 – sont pour la plupart regroupés dans des villes comme Cayenne ou Saint-Laurent-du-Maroni.

Une population éclatée
Les premières traces archéologiques (poteries, gravures rupestres…) de peuples amérindiens entre les fleuves Oyapock et Maroni remontent au Ve millénaire avant notre ère. À l’époque précolombienne, les sociétés amérindiennes ont enregistré un haut niveau de développement.
Aujourd’hui, la population est répartie en une mosaïque de peuples reflétant l’histoire de la région depuis le XVIe siècle.
Les principaux peuples amérindiens (4 %) sont les Arawak – Lokono, Teko, Kali’na, Pahikweneh, Wayãpi, Wayana.

Un choc entre deux cultures
Dans les maisons traditionnelles guyanaises, les « carbets », les objets artisanaux en vannerie, les poteries, côtoient de façon surprenante l’écran plat de télévision. À l’extérieur, sur un fil à sécher le linge, pendent des vêtements occidentaux. Choc de deux cultures…
La situation de la Guyane est particulière. Seule terre française, et même européenne, en Amérique du Sud, cette collectivité territoriale est isolée. La concentration de l’administration et des infrastructures sur le littoral contraste avec la situation des populations de l’intérieur, qui déplorent une faible présence des institutions publiques. Les amérindiens installés sur la côte vivent au contact de la vie à l’occidentale, ceux de la forêt en sont beaucoup plus éloignés.

Les jeunes de l’intérieur sont obligés de migrer de la forêt vers la côte pour étudier, vivant loin de leurs familles, avec toutes les conséquences d’un déracinement. Pour les enfants, qui ne connaissent que leurs langues natives, amérindiennes, l’entrée à l’école est souvent un échec. Les difficultés rencontrées pour les transports, l’accès aux soins et aux administrations… créent des tensions difficilement supportables pour beaucoup.
Cet entre-deux mène la Guyane à une situation dramatique : record de prévalence du sida/VIH pour la France, record de violences physiques et délinquance, record d’alcoolisme, record de suicides des jeunes…
Passés de 4 000 individus en 1984 à 12 000 aujourd’hui, les Amérindiens sont face à leur avenir, au milieu de ces turbulences sanitaires et sociales, mais également économiques.


Maintien des langues et de la biodiversité
Si des jeunes admettent que la langue natale qu’ils parlent évolue, diffère de celle de leurs grands-parents, ils savent que cette langue est profondément liée à des savoirs et savoir-faire, et que sa disparition entraînerait donc la perte des connaissances constitutives d’une culture.
Les mesures découlant du protocole de Nagoya, œuvrent aussi bien pour la protection juridique des peuples amérindiens que pour la défense de la biodiversité, une des principales richesses de la Guyane.
Sur ce territoire, en effet, quelques 5 500 espèces végétales ont été répertoriées, dont plus d’un millier d’arbres, 700 espèces d’oiseaux, 177 espèces de mammifères, plus de 500 espèces de poissons et 109 espèces d’amphibiens. Ce seul département français abrite au moins 98 % de la faune vertébrée de la France. La Guyane recèle la moitié de la biodiversité française.
La préservation de cette biodiversité est désormais un enjeu majeur pour la Guyane et pourrait même devenir, à terme, un atout de développement et d’attractivité du territoire..