En 2010, les revêtements des poêles antiadhésives inquiétaient les citoyens. Suivis de près par les phtalates et les bisphénols A (BPA) des contenants alimentaires en plastique, qui allongent la liste des perturbateurs endocriniens. Mais que sont ces substances ? Explications avec Véronique Gayrard, professeure de physiologie et d’endocrinologie à l’École Nationale Vétérinaire de Toulouse (ENVT) et chercheuse au laboratoire Toxalim.
Quelles recherches menez-vous ?
Nous nous intéressons principalement à l’exposition du fœtus aux perturbateurs endocriniens. À partir d’études expérimentales sur le fœtus ovin, nous réalisons des modélisations pour le fœtus humain. La toxicocinétique permet de modéliser le devenir d’une substance absorbée par la mère pendant la grossesse et de faire des prédictions pour l’humain.
Qu’est-ce qu’un perturbateur endocrinien ?
Un perturbateur endocrinien est une substance qui altère les fonctions du système endocrinien. Il induit des effets nocifs sur la santé des individus ou de leur descendance. Les effets perturbateurs peuvent concerner les troubles de la reproduction, du métabolisme, les cancers du sein et de la prostate et les atteintes neurologiques. Ce qui les rend très complexes, c’est qu’ils sont difficiles à qualifier, car nous devons nous assurer que les effets observés relèvent bien d’un mode d’action endocrinien des substances incriminées.

Sur quelles substances se concentrent vos recherches ?
À partir de 2010, nous avons beaucoup travaillé sur le bisphénol A (BPA) utilisé dans les contenants plastiques. Cette substance, interdite en France dans les contenants alimentaires depuis 2012 et reconnue comme perturbateur endocrinien depuis 2017, a été progressivement remplacée par d’autres bisphénols comme le bisphénol S (BPS). Le problème de cette nouvelle molécule est qu’elle est très peu inactivée par le foie et se retrouve à des concentrations près de 100 fois supérieures au BPA dans les tissus. Les molécules utilisées pour remplacer les substances interdites ne sont pas suffisamment contrôlées en amont, donc nous avons encore du travail devant nous…
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