La magie, une pratique scientifique ?

Par Rémi David
Écrivain, artiste, magicien et voyageur, Rémi David est un praticien de la magie sociale.
Auteur de nouvelles, de romans et d’essais, il écrit également pour la jeunesse et participe à l’écriture de spectacles à la croisée de la marionnette, de la magie et du théâtre d’objets.

Parallèlement, il fonde en 2012 l’association M’Agis qui propose, en France et partout dans le monde, des spectacles et ateliers de magie à des populations en situation de très grande fragilité.

Il est l’auteur d’une Philosophie de la magie, publiée en 2017.

Si les effets mis en scène par les magiciens de spectacle sont parfois les mêmes que ceux attribués aux médiums (lecture de pensées, prédiction de l’avenir, action de l’esprit sur la matière…), les deux optiques sont, pourtant, radicalement différentes. Pour le dire avec les mots du magicien Robert Houdin, le prestidigitateur ne prétend nullement posséder d’authentiques pouvoirs magiques : il propose « un art de magie simulée » qui vise à créer chez le public un sentiment d’impossibilité.

De célèbres illusionnistes, comme Harry Houdini, ont d’ailleurs dénoncé nombre de faux médiums, en reproduisant sur scène les mêmes effets grâce à des procédés de trucage. Aujourd’hui encore, les magiciens américains Penn & Teller, dans leur émission «Bullshit », entendent démystifier toutes les « conneries » qu’on entend au sujet de prétendus phénomènes paranormaux. Le prestidigitateur James Randi propose même un prix d’un million de dollars à quiconque pourra prouver, dans le respect d’un protocole scientifique adéquat, qu’il possède un pouvoir surnaturel.

Les magiciens, en dignes héritiers des Lumières, se rangent donc du côté de la raison, contre la superstition. On les a d’ailleurs longtemps désignés par le terme « physiciens », qui indiquait qu’ils pratiquaient une science (ayant pour objet de créer des illusions). C’est sans doute la raison pour laquelle de grands scientifiques sont fascinés par la magie.

Auguste Lumière, l’inventeur du cinéma, militait par exemple pour une initiation de tous les écoliers à la prestidigitation : pour développer leurs facultés d’observation, d’analyse et forger leur esprit critique.

Le Prix Nobel de physique Georges Charpak, dans son ouvrage Devenez sorcier, devenez savant, invite lui aussi à s’intéresser au savoir des magiciens : « En apprenant à berner les autres, vous serez mieux préparés à juger des boniments des marchands d’illusions, que ce soit dans les domaines touchant à la santé, à la vie sentimentale ou à la politique. »

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